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considérer d’un œil curieux. Cependant il souleva le marteau en gardant la meilleure contenance possible, et présenta la seconde enveloppe à celui qui vint lui ouvrir.

« Il n’est pas à la maison, Monsieur ; si vous voulez me remettre votre lettre et revenir demain matin, je m’informerai de l’heure à laquelle il pourra vous recevoir. Désirez-vous laisser la caisse ?

— De tout mon cœur ! » s’écria Silas.

Mais aussitôt il regretta sa précipitation et déclara avec une égale énergie qu’il préférait emporter sa malle avec lui à l’hôtel.

La foule se moqua de son indécision et le suivit jusqu’à la voiture avec force quolibets insultants ; et Silas, couvert de honte, éperdu de terreur, supplia les domestiques de le conduire à quelque hôtel tranquille des environs.

L’équipage du prince déposa ce malheureux à l’hôtel Craven, dans Craven-Street, puis s’éloigna immédiatement, le laissant seul avec les gens de l’hôtel. L’unique chambre vacante, lui dit-on, était un cabinet, au quatrième étage, donnant sur le derrière. À cette espèce de cellule, avec des peines et des plaintes infinies, deux solides porteurs montèrent la malle. Il est superflu d’ajouter que, pendant toute l’ascension, Silas les