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Banque elle-même, ajouta-t-il ; mais, comme la caisse est lourde, je boirais volontiers quelque chose à la santé de Votre Seigneurie. »

Silas lui présenta deux napoléons, non sans exprimer son regret de l’embarrasser de monnaie étrangère. Et l’homme, grognant encore plus fort, et portant ses regards, avec mépris, de l’argent qu’il faisait sauter dans sa main, à la malle monumentale, puis encore de la malle à l’argent, finit par consentir à s’en aller.

Depuis tantôt deux jours, le cadavre était emballé dans la caisse de Silas ; à peine fut-il seul que l’infortuné Américain approcha son nez de toutes les fentes et de toutes ouvertures, avec l’attention la plus angoissée. Mais le temps était froid et la malle réussissait encore à cacher son abominable secret.

Il prit une chaise et médita, la tête ensevelie entre ses mains. À moins qu’il ne fût promptement délivré, toute illusion était impossible, sa perte paraissait certaine. Seul dans une ville étrangère, sans amis ni complices, si la recommandation du docteur lui manquait, il n’avait plus de ressource.

Pathétiquement, il repassa dans son esprit ses ambitieux desseins pour l’avenir ; il ne deviendrait plus le héros, l’homme célèbre de sa