Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/191

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Nous avons mené assez loin cette fredaine nocturne. Rentrerons-nous au logis, paisiblement et tous ensemble ? Vous approuverez ma proposition demain matin, quand, sans peur et sans reproche, vous reverrez le soleil. »

Celui qui parlait prononça ces derniers mots avec une intonation qui ajoutait à leur force, et sa figure portait une singulière expression de gravité. Un des assistants se leva précipitamment et, d’un air alarmé, se prépara aussitôt à prendre congé. Deux seulement restèrent fermes à leur place : Brackenbury et un vieux major de cavalerie au nez rubicond ; ces deux derniers gardaient une attitude nonchalante, et, sauf un regard d’intelligence rapidement échangé entre eux, semblaient absolument étrangers à la discussion qui venait de finir.

Mr. Morris conduisit les déserteurs jusqu’à la porte, qu’il ferma sur leurs talons ; puis il se retourna en laissant voir une expression de soulagement. S’adressant aux deux officiers :

« J’ai choisi mes hommes comme le Josué de la Bible, dit-il, et je crois maintenant avoir l’élite de Londres. Votre physionomie séduisit mes cochers ; elle me plut encore davantage ; j’ai surveillé votre conduite au milieu d’une étrange société et dans les circonstances les plus singuliè-