Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Moi ! s’écria-t-il, je ne suis qu’un secrétaire !

— Dites-vous cela pour moi, Monsieur, parce que je ne suis qu’une femme de chambre ? »

Elle l’avait pris de haut, mais s’adoucit à la vue de la confusion de Harry :

« Je sais que vous n’avez aucune intention de m’humilier, reprit-elle, et j’aime votre figure ; mais je ne pense rien de bon de cette Lady Vandeleur. Oh ! ces grandes dames !… Envoyer un vrai gentleman comme vous porter un carton en plein jour ! »

Pendant cet entretien, ils étaient restés dans leur première position : elle, sur le seuil de la porte, lui sur le trottoir, nu-tête pour avoir plus frais, et tenant le carton sous son bras.

Mais à ces derniers mots, Harry, qui n’était capable de supporter ni de pareils compliments de but en blanc, ni les regards encourageants dont ils étaient accompagnés, se mit à jeter des regards inquiets à droite et à gauche. Au moment où il tournait la tête vers le bas de la ruelle, ses yeux épouvantés rencontrèrent ceux du général Vandeleur. Le général, dans une prodigieuse excitation dont la chaleur, la colère et une course effrénée étaient cause, battait les rues à la poursuite de son beau-frère ; mais à peine