Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/240

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Immédiatement le garçon boucher saisit le cri et le répéta en se joignant à la poursuite.

Ce fut un cruel moment pour le secrétaire traqué. Il se sentait à bout de forces et, s’il rencontrait quelqu’un venant en sens inverse de ses persécuteurs, sa situation dans cette étroite ruelle serait en vérité désespérée.

« Il faut que je trouve un endroit où me cacher, pensa-t-il ; et cela en une seconde, ou, tout est fini pour moi ! »

À peine cette idée avait-elle traversé son esprit que la rue, faisant un coude, le dissimula aux yeux de ses ennemis. Il y a des circonstances dans lesquelles les hommes les moins énergiques apprennent à agir avec vigueur et décision, où les plus circonspects oublient leur prudence et prennent les résolutions téméraires. Une de ces circonstances se présenta pour Harry Hartley ; ceux qui le connaissaient eussent été bien surpris de l’audace du jeune homme. Il s’arrêta net, jeta le carton par-dessus le mur d’un jardin et, sautant en l’air avec une agilité incroyable, il saisit des deux mains la crête de ce mur, puis se laissa rouler de l’autre côté.

Il revint à lui un moment après et se trouva assis dans une bordure de petits rosiers. Ses mains et ses pieds déchirés saignaient, car le