Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/252

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Pour la première fois, la colère et la douleur dominèrent tellement le jeune homme, qu’il éclata en une crise de larmes et resta sanglotant au milieu du chemin.

Lorsqu’il eut ainsi un peu calmé ses nerfs, il se mit à regarder autour de lui et à lire les noms des rues au croisement desquelles on l’avait laissé. Il était toujours dans une partie peu fréquentée du quartier ouest de Londres, au milieu de villas et de grands jardins ; mais il aperçut à une fenêtre quelques personnes qui évidemment avaient assisté à son malheur. Une servante sortit en courant de la maison et vint lui offrir un verre d’eau. Au même moment, un vagabond, qui rôdait alentour, s’approcha, de l’autre côté.

« Pauvre garçon ! dit la servante ; comme on vous a traité méchamment ! Vos genoux sont tout percés et vos vêtements en loques ! Connaissez-vous le gredin qui vous a battu ainsi ?

— Oui, certes ! s’écria Harry, un peu rafraîchi par le verre d’eau, et je le poursuivrai en dépit de ses précautions. Il paiera cher sa besogne d’aujourd’hui, je vous en réponds.

— Vous feriez mieux d’entrer dans la maison, pour vous laver et vous brosser, continua la servante. Ma maîtresse vous recevra de bon