Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/295

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faible ; la rente de cinq cents livres sterling et les conditions singulières qui y étaient attachées, tout cela avait un attrait irrésistible. Il se découvrit une répugnance extrême pour ce nom de Scrymgeour auquel longtemps il n’avait rien reproché : puis il commença à trouver bien méprisables les horizons bornés de sa vie d’autrefois, et, quand enfin son parti fut pris, il marcha avec un sentiment de liberté et de force jusqu’alors inconnu : les perspectives les plus joyeuses s’ouvraient devant lui. Il n’eut qu’un mot à dire à l’avoué et immédiatement un chèque représentant deux trimestres arriérés lui fut remis, car, par une attention délicate, la rente était antidatée du 1er janvier. Avec ce chiffon de papier en poche, il revint chez lui ; l’entresol de Scotland street lui parut mesquin ; pour la première fois ses narines se révoltèrent contre l’odeur de la cuisine ; il observa chez son père adoptif quelques insuffisances de manières, quelques manques de distinction qui le surprirent et le choquèrent. Bref, il se décida à partir dès le lendemain pour Paris.

Arrivant dans cette ville bien avant la date indiquée, il s’installa dans un modeste hôtel fréquenté par des Anglais et des Italiens, et là il résolut de se perfectionner, dans la connaissance de la langue française. À cet effet, il prit un