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apportées sur le dressoir. Des flots de lumière émergeaient en même temps de la véranda. Le jardin se trouva donc absolument illuminé.

Pour la dixième fois peut-être, miss Vandeleur rentra dans la maison ; elle revint cette fois portant la cafetière, qu’elle posa sur le dressoir ; au même instant son père se leva en disant :

« Le café, c’est de mon département. » Francis le vit se dresser de toute sa haute taille. Sans cesser de causer par-dessus son épaule avec les autres convives, il remplit les deux tasses ; puis, par un mouvement de véritable prestidigitation, versa dans l’une d’elles le contenu d’une très petite fiole. La chose fut si vivement faite que celui qui ne le quittait pas des yeux eut à peine le temps de s’en apercevoir. Une seconde après, Mr. Vandeleur était retourné près de la table apportant les deux tasses.

« Avant que nous ayons fini de boire, notre Juif sera sans doute ici, » dit-il.

Il est impossible de décrire l’effroi et l’angoisse de Francis. Quel complot se tramait donc là, devant lui ? Il se sentait moralement obligé d’intervenir, mais comment ? C’était peut-être une simple plaisanterie, et quelle mine ferait-il dans le cas où son avertissement tomberait à faux ? D’autre part, s’il y avait trahison, fallait-il dé-