Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/318

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rien au monde ne me retiendrait. Mais aujourd’hui, l’âge, les dangers, tout est contre moi,… mes mains tremblent et il faut que vous m’aidiez.

— C’est un crime ! dit la jeune fille.

— Je suis votre père. »

Cet appel parut produire son effet ; Francis entendit piétiner le gravier, une chaise tomba, puis il vit le père et la fille traverser l’allée et disparaître sous la véranda, portant un corps inanimé, affreusement pâle, dont la tête pendait. Était-il mort ou vivant ? En dépit de l’affirmation de Mr. Vandeleur, Francis était fort inquiet. Un crime venait d’être commis, une catastrophe terrible s’abattait sur la maison aux persiennes vertes. À son grand étonnement, Francis sentit l’horreur et le mépris faire place chez lui à un sentiment de pitié pour le vieillard et pour l’enfant qu’un grand péril menaçait sans doute. Un élan généreux le poussa ; lui aussi lutterait avec son père contre le monde, la justice et la fatalité ; relevant brusquement la jalousie, il sauta sur la fenêtre, étendit les bras et se jeta, les yeux fermés, dans le feuillage du marronnier.

Les branches craquaient sous lui sans qu’il pût en saisir une ; enfin un rameau plus fort