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Il annonce, par le trou de la serrure, M. Utterson.

Une voix plaintive répond du dedans :

« Je ne peux voir personne. »

Et Poole, d’un air triomphant, reprend tout bas :

« Eh bien, Monsieur, dites si c’est vraiment la voix de mon maître ?

— Elle est bien changée, en effet.

— Changée ? On n’a pas été vingt ans dans la maison d’un homme pour ne pas reconnaître sa voix. Non, Monsieur, mon maître a disparu ; dites-moi maintenant qui est là, à sa place ? »

En parlant, il a entraîné M. Utterson dans une chambre écartée où nul ne peut épier leur conciliabule.

« Toute cette dernière semaine, celui qui hante le cabinet a demandé je ne sais quel médicament. Mon maître faisait cela quelquefois. Il écrivait son ordonnance, puis jetait la feuille de papier sur l’escalier. Depuis huit jours nous n’avons vu de lui que cela,… des papiers. Il était enfermé ; les repas mêmes devaient être laissés à la porte. Eh bien, tous les jours, deux ou trois fois par jour, il y avait des ordonnances sur l’escalier, et je devais courir chez tous les chimistes de la ville ; et chaque fois que j’avais apporté la drogue, un nouveau papier me commandait de la