Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/324

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et, le poussant dans la rue avec une vigueur dont il ne la croyait pas capable :

« Maintenant, lui cria-t-elle, sauvez-vous ! »

La porte retomba, loquets et verrous furent replacés.

« Allons, se dit Francis, puisque j’ai promis !… »

Et il descendit rapidement la rue. Il n’était pas à cinquante pas de la maison quand un cri diabolique retentit soudain dans le silence de la nuit. Instinctivement, il s’arrêta, un autre passant en fit autant, les habitants des maisons voisines se mirent aux fenêtres. Cet émoi semblait l’œuvre d’un seul homme, qui hurlait de rage et de désespoir, comme une lionne à qui l’on a volé ses petits, et Francis ne fut pas moins surpris qu’effrayé d’entendre son nom s’élever au milieu d’une volée de jurons en anglais. Son premier mouvement fut de retourner en arrière ; mais, se rappelant l’avis de miss Vandeleur, il pensa que le mieux était de hâter le pas, et il se remettait en marche, quand le Dictateur, tête nue, cheveux au vent, criant et gesticulant, passa à côté de lui comme un boulet de canon.

« Je l’ai échappé belle ! pensa Francis. Je ne sais pas ce qu’il peut me vouloir, mais il n’est certes pas bon à fréquenter pour le quart