Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/341

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flets extraordinaires ; c’était décidément un fléau menaçant pour le monde.

« Que Dieu me vienne en aide ! pensa-t-il. Si je persiste à le regarder, je vais le convoiter moi-même. »

Enfin, ne sachant quel parti prendre, il se dirigea vers l’élégant petit hôtel que sa royale famille possédait depuis des siècles sur le quai. Les armes de Bohême sont gravées au-dessus de la porte et sur les hautes cheminées ; à travers une grille, les passants peuvent apercevoir des pelouses veloutées et garnies de fleurs ; une cigogne, seule de son espèce dans Paris, perche sur le pignon et attire tout le jour un cercle de badauds ; des laquais à l’air grave vont et viennent dans la cour ; de temps à autre la grande grille s’ouvre et une voiture roule sous la voûte. À divers titres, cet hôtel était la résidence favorite du prince Florizel ; il n’y arrivait jamais sans éprouver le sentiment du chez-soi qui est une jouissance si rare dans la vie des grands. Le soir dont il est question, ce fut avec un plaisir particulier qu’il revit ses fenêtres doucement éclairées. Comme il approchait de la petite porte par laquelle il entrait toujours lorsqu’il était seul, un homme sortit de l’ombre et lui barra le passage avec un profond salut.