Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bourdonnement de voix accompagna l’entrée du redoutable président. Qu’on imagine un homme d’une cinquantaine d’années, grand de taille, à la démarche hardie, aux favoris hérissés, à la tête chauve, à l’œil gris voilé qui de temps en temps lançait une étincelle. Ses lèvres serraient un gros cigare qu’il mâchait et tortillait de droite à gauche, tout en regardant d’un air pénétrant et froid les deux étrangers. Il portait des habits de lainage clair, avec un col de chemise très dégagé à rayures de couleur.

« Bonsoir, commença-t-il, après avoir fermé la perte derrière lui. On m’a dit que vous désiriez me parler.

— Nous voulons, Monsieur, nous joindre au Club du suicide, répliqua le colonel. »

Le président roula son cigare dans sa bouche.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? dit-il brusquement.

— Je vous demande pardon, répondit Geraldine, mais je crois que vous êtes la personne la mieux autorisée à me donner des informations là-dessus.

— Moi ? s’écria le président. Un Club du suicide ? Allons, vous voulez rire ! Je peux permettre à des jeunes gens d’avoir le vin gai ; mais il ne faudrait point insister trop.