Page:Stowe - Marion Jones.djvu/16

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droite ou trop à gauche de la propriété voisine, et qui prenait une portion de la meilleure terre ; ou bien les dindons de Pierre ravageaient ses récoltes, ou les oies de Paul ne devaient pas sortir de l’étang de la commune, ou toute autre question de cette importance qui l’occupait ainsi d’un bout d’une année à l’autre. Comme fonds principal de distraction, ceci n’était déjà pas trop mal ; mais le Père Mâchoire ne se contentait pas de ses propres contestations : son bonheur était de parcourir le village de maison en maison pour rapporter tous les cancans des uns et des autres, et fonder une mine inépuisable de discussions et de procès, ne laissant échapper aucun détail de la cause, accompagné des : il m’a dit, dit-il, et je lui ai dit comme ça, et toutes autres fleurs de rhétorique. Aussi, grâce à son activité, la moitié du village était constamment en guerre avec l’autre moitié.

Or, comme le bon M. Dudley, de son côté, avait assumé pour lui le rôle de pacificateur, les capacités de son voisin le Père Mâchoire lui donnaient assez de besogne pour qu’on ne le qualifiât pas de sinécure. Il arrivait derrière le Père Mâchoire, calmant, racom-