Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/10

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doville, où se voyaient plusieurs portraits de famille. Les plus apparents étaient ceux de son père et de sa mère. Ce salon, fort vaste et d’une grande élévation, était, ainsi que ceux qui le précédaient, meublé avec le luxe imposant du siècle de Louis XIV ; le plafond, peint par Lebrun, ayant pour sujet le triomphe d’Apollon, étalait l’ampleur de son dessin, la vigueur de son coloris, au milieu d’une large corniche magnifiquement sculptée et dorée, supportée dans ses angles par quatre pendentifs composés de grandes figures aussi dorées, représentant les Saisons ; des panneaux recouverts de damas cramoisi, entourés d’encadrements, servaient de fond aux grands portraits de famille qui ornaient cette pièce.

Il est plus facile de concevoir que de peindre les mille émotions diverses dont était agitée mademoiselle de Cardoville, à mesure qu’approchait le moment de son entretien avec Djalma. Leur réunion avait été jusqu’alors empêchée par tant de douloureux obstacles, Adrienne savait ses ennemis si vigilants, si actifs, si perfides, qu’elle doutait encore de son bonheur. À chaque instant, presque malgré elle, son regard interrogeait la pendule ; quelques minutes encore, et l’heure du rendez-vous allait sonner.