Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/105

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je me soumets à sa discipline ; je vous dis cela, mon frère, ajouta Gabriel avec expansion, parce que, vous et moi, nous prêchons la même cause ; les artisans que vous avez conviés à partager avec vous le fruit de vos travaux ne sont plus déshérités… Ainsi donc, plus efficacement que moi, par le bien que vous faites, vous servez le Christ…

— Et je continuerai de le servir, pourvu, je vous le répète, que j’en aie la force.

— Pourquoi cette force vous manquerait-elle ?

— Si vous saviez combien je suis malheureux !… si vous saviez tous les coups qui m’ont frappé !…

— Sans doute la ruine et l’incendie qui ont détruit votre fabrique sont déplorables…

— Ah ! mon frère, dit M. Hardy en interrompant Gabriel, qu’est-ce que cela ? grand Dieu !… Mon courage ne faillirait pas en présence d’un sinistre que l’argent seul répare… Mais, hélas ! il est des pertes que rien ne répare… Il est des ruines dans le cœur que rien ne relève… Non, et pourtant, tout à l’heure, cédant à l’entraînement de votre généreuse parole, l’avenir, si sombre jusqu’alors pour moi, s’était éclairci ; vous m’aviez encouragé, ranimé, en me rappelant la mission que j’avais encore à remplir en ce monde…