Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/114

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avait, au contraire, abattu, consterné, ne comprenant rien à l’air glorieux de son compagnon, le contemplait avec un étonnement indicible.

J’ai le joint ! lui dit brusquement Rodin, de sa voix brève et tranchante.

— Que voulez-vous dire ? reprit le père d’Aigrigny stupéfait.

— Y a-t-il ici une voiture de voyage ? reprit Rodin, sans répondre à la question du révérend père.

Celui-ci, abasourdi par cette demande, ouvrit des yeux effarés, et répéta machinalement :

— Une voiture de voyage ?

— Oui… oui, dit Rodin avec impatience, est-ce que je parle hébreu ? Y a-t-il ici une voiture de voyage ? Est-ce clair ?

— Sans doute… j’ai ici la mienne, dit le révérend père.

— Alors, envoyez chercher des chevaux de poste à l’instant même.

— Et pourquoi faire ?…

— Pour emmener M. Hardy.

— Emmener M. Hardy ! reprit le père d’Aigrigny, croyant que Rodin délirait.

— Oui, reprit celui-ci, vous l’emmènerez ce soir à Saint-Herem.

— Dans cette triste et profonde solitude… lui… M. Hardy ?