Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/12

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La demie de trois heures sonna.

Ne pouvant surmonter sa frayeur naissante, et se rattachant à un dernier espoir, elle revint auprès de la cheminée, puis sonna, après avoir, pour ainsi dire, composé son visage, afin qu’il ne trahît aucune émotion.

Au bout de quelques secondes, un valet de chambre à cheveux gris, vêtu de noir, ouvrit la porte, et attendit dans un respectueux silence les ordres de sa maîtresse ; celle-ci lui dit d’une voix calme :

— André, priez Hébé de vous donner un flacon que j’ai oublié sur la cheminée de ma chambre et apportez-le-moi.

André s’inclina ; au moment où il allait sortir du salon pour exécuter l’ordre d’Adrienne, ordre qu’elle n’avait donné que pour pouvoir faire une autre question, dont elle voulait dissimuler l’importance aux yeux de ses gens, instruits de la prochaine venue du prince, mademoiselle de Cardoville ajouta d’un air indifférent en montrant la pendule :

— Cette pendule… va-t-elle bien ?

André tira sa montre, y jeta les yeux et répondit :

— Oui, mademoiselle ;… je me suis réglé sur les Tuileries ; il est aussi trois heures et demie passées à ma montre.