Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/120

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pour faire mes premiers pas au grand soleil… moi qui suis resté si longtemps immobile dans les ténèbres…

— À demain donc, dit Gabriel, et jusque-là, courage, espoir et prière…

— Courage, espoir et prière, dit M. Hardy ; avec ces mots là on est bien fort.

Et il resta seul.

Chose étrange, l’espèce de crainte involontaire qu’il avait ressentie au moment où Gabriel s’était disposé à sortir, se reproduisait à l’esprit de M. Hardy sous une autre forme ; aussitôt après le départ du jeune prêtre, le pensionnaire des révérends pères crut voir une ombre sinistre et croissante succéder au pur et doux rayonnement de la présence de Gabriel…

Cette sorte de réaction était d’ailleurs concevable après une journée d’émotions profondes et diverses, surtout si l’on songe à l’état d’affaiblissement physique et moral où se trouvait M. Hardy depuis si longtemps.

Un quart d’heure environ s’était passé depuis le départ de Gabriel, lorsque le domestique affecté au service du pensionnaire des révérends pères entra et lui remit une lettre.

— De qui cette lettre ? demanda M. Hardy.

— D’un pensionnaire de la maison, mon-