Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/145

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— Oui, elle-même, reprit Rodin avec une véritable et suave éloquence ; car ce monstre parlait tous les langages. Et alors, grâce aux prières de son amant, que le Seigneur avait exaucées, cette femme ne pleurait plus de sang… elle ne tordait plus ses beaux bras dans des convulsions infernales. Non, non… toujours belle… oh ! mille fois plus belle encore qu’elle ne l’était sur la terre… belle de l’éternelle beauté des anges… elle souriait à son amant avec une ardeur ineffable, et ses yeux rayonnants d’une flamme humide, elle lui disait d’une voix tendre et passionnée : « Gloire au Seigneur, gloire à toi, ô mon amant bien-aimé !… Tes prières ineffables, tes austérités m’ont sauvée ;… le Seigneur m’a placée parmi ses élus… Gloire à toi, mon amant bien-aimé !… » Alors, radieuse dans sa félicité, elle se baissait et effleurait de ses lèvres parfumées d’immortalité les lèvres du religieux en extase ;… et bientôt leur âme s’exhalait dans un baiser d’une volupté brûlante comme l’amour, chaste comme la grâce, immense comme l’éternité[1].

  1. Il nous serait impossible, à l’appui de ceci, de citer, même en les gazant, les élucubrations du délire érotique de sœur Thérèse, à propos de son amour extatique pour