Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/148

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étaient baissés, allait passer devant lui, le forgeron, obéissant à un pressentiment insurmontable, s’écria en s’élançant à la tête des chevaux :

— Amis… à moi !

— Postillon !… dix louis !… au galop !… écrase-le sous tes roues ! cria, derrière le store, la voix militaire du père d’Aigrigny.

On était en plein choléra ; le postillon avait entendu parler des massacres des empoisonneurs ; déjà fort effrayé de la brusque agression d’Agricol, il lui assena sur la tête un vigoureux coup de manche de fouet, qui étourdit et renversa le forgeron ; puis piquant son porteur à l’éventrer, le postillon mit ses trois chevaux au triple galop, et la voiture disparut rapidement, pendant que les compagnons d’Agricol, qui n’avaient compris ni son action, ni le sens de ses paroles, s’empressaient autour du forgeron et tâchaient de le ranimer.