Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/162

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désarmés, mais chargés, ôta soigneusement les capsules des batteries, et ne pouvant retenir un profond soupir, il remit ces armes à la place qu’elles occupaient ; il allait quitter la ruelle, lorsque, par réflexion, sans doute, il prit encore dans la panoplie un kanjiar indien, à lame très-aiguë, le tira de son fourreau de vermeil, et cassa la pointe de cette arme meurtrière en l’introduisant sous l’une des roulettes qui supportaient le lit.

Dagobert alla ensuite rouvrir les deux portes, et revint lentement auprès de la cheminée sur le marbre de laquelle il s’accouda d’un air sombre, pensif ; Rabat-Joie, accroupi devant le foyer, suivait d’un œil attentif les moindres mouvements de son maître ; le digne chien fit même preuve d’une rare et prévenante intelligence : le soldat, ayant tiré son mouchoir de sa poche, avait laissé tomber sans s’en apercevoir un papier renfermant un petit rouleau de tabac à chiquer ; Rabat-Joie, qui rapportait comme un retriver de la race Rutland, prit le papier entre ses dents, et, se dressant sur ses pattes de derrière, le présenta respectueusement à Dagobert. Mais celui-ci reçut machinalement le papier et parut indifférent à la dextérité de son chien.

La physionomie de l’ancien grenadier à che-