Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/166

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sant les épaules, il se dirigea vers l’escalier en lui disant :

— Suis-moi…

Jocrisse obéit ; mais, avant de fermer la porte, il fouilla dans sa poche, en tira mystérieusement une lettre et la jeta derrière lui, sans détourner la tête, disant, au contraire, à Dagobert, sans doute pour occuper son attention :

— Votre fils est dans la cour, M. Dagobert… Il n’a pas voulu monter ; c’est pour cela qu’il est resté en bas…

Ce disant, Jocrisse ferma la porte, croyant la lettre bien en évidence sur le plancher de la chambre du maréchal Simon.

Mais Jocrisse comptait sans Rabat-Joie.

Soit qu’il regardât comme plus prudent de former l’arrière-garde, soit respectueuse déférence pour un bipède, le digne chien n’était sorti de la chambre que le dernier, et comme il rapportait merveilleusement bien (ainsi qu’il venait de le prouver), voyant tomber la lettre jetée par Jocrisse, il la prit délicatement entre ses dents et sortit de la chambre sur les talons du domestique sans que celui-ci s’aperçût de cette nouvelle preuve de l’intelligence et du savoir-faire de Rabat-Joie.