Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/180

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aller et venir, comme s’il avait marché avec agitation ; mais bientôt il me semble qu’il pousse et renverse des meubles avec fracas. Effrayé, je monte ; il me demande d’un air irrité ce que je veux, et m’ordonne de sortir. Alors, le voyant dans cet état, je reste ; il s’emporte ; je reste toujours ; mais, apercevant une chaise et une table renversées, je les lui montre d’un air si triste, qu’il me comprend ; et comme il est aussi bon que ce qu’il y a de meilleur au monde, il me prend la main, et me dit : « Pardon de t’inquiéter ainsi, mon bon Dagobert ; mais tout à l’heure j’ai eu un moment d’emportement absurde, je n’avais pas la tête à moi ; je crois que je me serais jeté par la fenêtre, si elle eût été ouverte. Pourvu que mes pauvres chères petites ne m’aient pas entendu !… » ajouta-t-il en allant sur la pointe du pied ouvrir la porte de la pièce qui communique à la chambre à coucher de ses filles. Après avoir écouté un instant à leur porte avec angoisse, n’entendant rien, il est revenu près de moi : « Heureusement, elles dorment, » m’a-t-il dit. Alors je lui ai demandé ce qui causait son agitation, s’il avait reçu, malgré mes précautions, quelque nouvelle lettre anonyme. « Non,… m’a-t-il répondu d’un air sombre ; mais laisse-moi, mon ami, je me sens mieux ; cela m’a fait du bien de te voir ; bon-