Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/199

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Enfin la porte s’ouvrit. Dagobert parut.

— Voilà bien longtemps que je vous ai fait demander, monsieur, s’écria le maréchal d’un ton irrité.

Dagobert, plus peiné que surpris de ce nouvel accès d’emportement, qu’il attribuait avec raison à l’état de surexcitation presque continuelle où se trouvait le maréchal, répondit doucement :

— Mon général, excusez-moi, mais je reconduisais mon fils… et…

— Lisez cela, monsieur, dit brusquement le maréchal en l’interrompant et lui tendant la lettre.

Puis pendant que Dagobert lisait, le maréchal reprit avec une colère croissante, en renversant du pied une chaise qui se trouvait sur son passage :

— Ainsi, jusque chez moi, jusque dans ma maison, il est des misérables sans doute gagnés par ceux qui me harcèlent avec un incroyable acharnement. Eh bien ! avez-vous lu, monsieur ?

— C’est une nouvelle infamie… à ajouter aux autres, dit froidement Dagobert.

Et il jeta la lettre dans la cheminée.

— Cette lettre est infâme… mais elle dit vrai, reprit le maréchal.