Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/209

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voyons, je vous le demande… sans amertume… sans jalousie… mes enfants ne sont-elles pas plus confiantes, plus familières avec vous qu’avec moi ?

— Eh mordieu ! mon général, s’écria Dagobert, si vous le prenez par là… elles sont encore plus familières avec Rabat-Joie qu’avec moi ;… vous êtes leur père… et si bon que soit un père, il impose toujours… Elles sont familières avec moi ? pardieu ! la belle histoire ! Que diable de respect voulez-vous qu’elles aient pour moi, qui, sauf mes moustaches et ces six pieds, suis environ comme une vieille mie qui les aurait bercées… Et puis, il faut aussi tout dire : dès avant la mort de votre brave père, vous étiez triste… préoccupé ;… ces enfants ont remarqué cela… et ce que vous prenez pour de la froideur… de leur part, je suis sûr que c’est de l’inquiétude pour vous… Tenez, mon général, vous n’êtes pas juste… vous vous plaignez de ce qu’elles vous aiment trop…

— Je me plains… de ce que je souffre, dit le maréchal avec un emportement douloureux ; moi seul… je connais mes souffrances.

— Il faut qu’elles soient vives… mon général, dit Dagobert, entraîné plus loin qu’il ne le voulait peut-être par son attachement pour les orphelines. Oui, il faut que vos souffrances