Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/24

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Et comme si elle eût délivré son cœur des dernières pensées qui auraient pu l’attrister, elle reprit :

— À nous l’avenir maintenant, l’avenir tout entier… l’avenir radieux, sans nuage… sans obstacles, un horizon si beau… si pur dans son immensité, que ses limites échappent à la vue !

Il est impossible de rendre l’exaltation ineffable, l’accent d’espérance entraînante qui accompagna ces paroles d’Adrienne ; tout à coup, ses traits exprimèrent une mélancolie touchante, et elle ajouta d’une voix profondément émue :

— Et dire… qu’à cette heure… il y a pourtant des malheureux qui souffrent !

Ce retour de commisération naïve envers l’infortune au moment même où cette noble jeune fille atteignait le comble d’un bonheur idéal, impressionna si vivement Djalma qu’involontairement il tomba aux genoux d’Adrienne, joignit les mains et tourna vers elle son visage enchanteur, où se lisait une adoration presque divine…

Puis cachant sa figure entre ses mains, il baissa la tête sans dire un seul mot.

Il y eut un moment de silence profond.

Adrienne l’interrompit la première en voyant