Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Gabriel, qui s’était imaginé de vouloir ramener M. Hardy à la vie mondaine… En vérité, mon père, vous êtes un saint Chrysostome.

— Bon, bon, madame, dit brusquement Rodin, très-peu sensible aux flatteries, gardez cela pour d’autres.

— Je vous dis que vous êtes un saint Chrysostome, mon père, répéta la princesse avec feu ; car, comme lui vous méritez le surnom de saint Jean Bouche d’or.

— Allons donc, madame, dit Rodin avec brutalité en haussant les épaules ; moi une bouche d’or !… j’ai les lèvres trop livides et les dents trop noires… Vous plaisantez avec votre bouche d’or…

— Mais, mon père…

— Mais, madame, on ne me prend pas à cette glu-là, moi, reprit durement Rodin, je hais les compliments, je n’en fais point.

— Que votre modestie me pardonne, mon père, dit humblement la dévote ; je n’ai pu résister au bonheur de vous témoigner mon admiration ; car, ainsi que vous l’aviez presque prédit… ou prévu il y a peu de mois, voici déjà deux membres de la famille Rennepont désintéressés dans la question de l’héritage

Rodin regarda madame de Saint-Dizier d’un air radouci et approbatif en l’entendant formu-