Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/258

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ques paupières, semblait profondément attentif aux symptômes significatifs qui se trahissaient sur la physionomie bouleversée de l’ancien colonel.

La dévote, de plus en plus sous le charme de l’ex-socius, trouvant la position du père d’Aigrigny aussi pénible que fausse, sentait s’augmenter encore son admiration pour Rodin.

Enfin, le père d’Aigrigny, reprenant peu à peu son sang-froid, répondit à Rodin d’un ton calme et contraint :

— Si j’avais à subir un pareil outrage, je prierais le Seigneur de me donner la résignation de l’humilité.

— Et certainement, le Seigneur écouterait vos vœux, dit froidement Rodin, satisfait de l’épreuve qu’il venait de tenter sur le père d’Aigrigny. D’ailleurs, vous voici prévenu, et il est peu probable, ajouta-t-il avec un sourire affreux, que le maréchal Simon revienne ici afin d’éprouver si rudement votre humilité… Mais s’il revenait (et Rodin attacha de nouveau un regard long et perçant sur le révérend père), s’il revenait… vous sauriez, je n’en doute pas, montrer à ce brutal traîneur de sabre, malgré ses violences,… tout ce qu’il y a de résignation et d’humilité dans une âme vraiment chrétienne.