Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

laissa tomber son peigne ; comme elle se baissait pour le ramasser, Rose la prévint et le lui rendit en disant :

— S’il s’était cassé, tu l’aurais mis dans le panier aux anses.

Et les deux jeunes filles de rire comme des folles, à ces mots qui faisaient allusion à une admirable jeannoterie de Jocrisse.

Le niais supposé avait cassé l’anse d’une tasse, et, la gouvernante des jeunes filles le réprimandant, il avait répondu : « Soyez tranquille, madame, j’ai mis l’anse dans le panier aux anses. — Le panier aux anses ? — Oui, madame c’est là où je serre toutes les anses que je casse et que je casserai. »

— Mon Dieu, dit Rose en essuyant ses yeux humides de larmes de joie, que c’est donc ridicule de rire de pareilles sottises !

— C’est que c’est si drôle aussi, reprit Blanche, comment y résister ?

— Tout ce que je regrette… c’est que notre père ne nous entende pas rire ainsi.

— Il était si heureux de nous voir gaies !

— Il faudra lui écrire aujourd’hui l’histoire du panier aux anses.

— Et celle du plumeau, afin de lui montrer que, selon notre promesse, nous n’avons pas de chagrin pendant son absence.