Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/277

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Leur hilarité était au comble lorsque la porte s’ouvrit.

Jocrisse fit quelques pas dans le salon, en annonçant à haute voix :

— M. Rodin.

En effet, le jésuite se glissa précipitamment dans l’appartement, comme pour prendre possession du terrain ; une fois entré, il crut la partie gagnée, et ses yeux de reptile étincelèrent.

Il serait difficile de peindre la surprise des deux sœurs et la colère du soldat, à cette visite imprévue.

Courant à Jocrisse, Dagobert le prit au collet, et s’écria :

— Qui t’a permis d’introduire quelqu’un ici… sans me prévenir ?

— Grâce, M. Dagobert ! dit Jocrisse en se jetant à genoux, et joignant les mains d’un air aussi niais que suppliant.

— Va-t’en… sors d’ici ! Et vous aussi… et vous surtout ! ajouta le soldat d’un air menaçant en se retournant vers Rodin, qui déjà s’approchait des jeunes filles en souriant d’un air paterne.

— Je suis à vos ordres, mon cher monsieur… dit humblement le prêtre en s’inclinant, mais sans bouger de place.