Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/285

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Rose et Blanche avec admiration, il reprit :

— Quel bonheur pour moi de venir encore apporter quelque joie à ces chères demoiselles ! Les voilà bien comme je les ai laissées, toujours gracieuses et charmantes, quoique moins tristes que le jour où j’ai été les chercher dans ce vilain couvent où on les retenait prisonnières… Avec quel bonheur… je les ai vues se jeter dans les bras de leur glorieux père !…

— C’était là leur place, et la vôtre n’est pas ici…, dit rudement Dagobert en tenant toujours le battant de la porte ouvert derrière Rodin.

— Avouez au moins que ma place était chez le docteur Baleinier…, dit le jésuite en regardant le soldat d’un air fin, vous savez, dans cette maison de santé… ce jour où je vous ai rendu cette noble croix impériale que vous regrettiez si fort… ce jour où cette bonne mademoiselle de Cardoville, en vous disant que j’étais son libérateur, vous a empêché de m’étrangler, un peu… mon cher monsieur… Ah ! mais, c’est que c’est ainsi que j’ai l’honneur de vous le dire, mesdemoiselles, ajouta Rodin en souriant, ce brave soldat commençait à m’étrangler, car, soit dit sans le fâcher, il a, malgré son âge, un poignet de fer. Eh ! eh ! eh ! les Prussiens et les Cosaques doivent le savoir encore mieux que moi…