Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/290

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l’ignore, ajouta le soldat d’un air pensif, mais c’est une raison de plus pour me défier de lui.

— Et les nouvelles de notre père, quelles sont-elles ? demanda Rose.

— Un des amis de ce vieux misérable (je ne m’en dédis pas !) connaît, m’a-t-il dit, votre père, et l’a rencontré à vingt-cinq lieues d’ici ; sachant que cet homme revenait à Paris, le maréchal l’aurait chargé de vous dire ou de vous faire dire qu’il était en parfaite santé, et qu’il espérait bientôt vous revoir…

— Ah ! quel bonheur ! s’écria Rose.

— Tu vois bien, tu avais tort de le soupçonner… ce pauvre vieillard, Dagobert, ajouta Blanche ; tu l’as traité si durement !

— C’est possible… mais je ne m’en repens pas…

— Pourquoi cela ?

— J’ai mes raisons ;… et une des meilleures, c’est que lorsque je l’ai vu entrer, tourner, virer autour de vous, je me suis senti froid jusque dans la moelle des os, sans savoir pourquoi ;… j’aurais vu un serpent s’avancer vers vous en rampant, que je n’aurais pas été plus effrayé… Je sais bien que, devant moi, il ne pouvait vous faire de mal ; mais, que voulez-vous que je vous dise, mes enfants… malgré les services qu’après tout il nous a rendus, je me tenais à quatre