Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/317

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jusqu’à défricher, jusqu’à cultiver des terres appartenant à son ordre !… N’est-ce pas idéal ? n’est-ce pas divin ? Labourer, ensemencer la terre dont les produits sont à vous ! En vérité, c’est héroïque ; aussi nous admirons la chose de toutes nos forces.

Seulement, tout en reconnaissant ce qu’il y a de bon dans un bon prêtre, nous demanderons humblement s’ils sont moines, clercs ou prêtres :

Ces médecins des pauvres qui, à toute heure du jour ou de la nuit, accourent au misérable chevet de l’infortune ?

Ces médecins qui pendant le choléra ont risqué mille fois leur vie avec autant de désintéressement que d’intrépidité ?

Ces savants, ces jeunes praticiens qui, par amour de la science et de l’humanité, ont sollicité comme une grâce, comme un honneur, d’aller braver la mort en Espagne, lorsque la fièvre jaune décimait la population ?

Était-ce donc le célibat, le renoncement qui faisait la force de tant d’hommes généreux ? Hésitaient-ils à sacrifier leur vie, préoccupés qu’ils étaient de leurs plaisirs ou des doux devoirs de la famille ? Non, aucun d’eux ne renonçait pour cela aux joies du monde. La plupart d’entre eux avaient des femmes, des en-