Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à portée de sa vue, de sorte qu’involontairement, et dans les tristes loisirs de son accablante oisiveté, ses yeux devaient presque forcément s’y attacher.

Quelques citations, parmi les maximes dont les révérends pères entouraient ainsi leur victime sont nécessaires ; l’on verra dans quel cercle fatal et désespérant ils enfermaient l’esprit affaibli de cet infortuné, depuis quelque temps brisé par des chagrins atroces[1].

Voici ce qu’il lisait machinalement à chaque instant du jour ou de la nuit, lorsqu’un sommeil bienfaisant fuyait ses paupières rougies par les larmes :

« Celui-là est bien vain qui met son espérance dans les hommes ou dans quelque créature que ce soit[2].

  1. On lit ce qui suit dans le Directorium, à propos des moyens à employer afin d’attirer dans la compagnie de Jésus les personnes que l’on veut y exploiter :

    Pour attirer quelqu’un dans la société, il ne faut pas agir brusquement, il faut attendre quelque bonne occasion, par exemple que la personne éprouve un violent chagrin ou encore qu’elle fasse de mauvaises affaires ; une excellente commodité se trouve dans les vices mêmes. (Voir à ce sujet les excellents commentaires de M. Dezany sur les constitutions des jésuites dans son ouvrage du Jésuitisme vaincu par le Socialisme, Paris, 1845.)

  2. Il est inutile de dire que ces passages sont textuelle-