Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/362

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— Seulement…, reprit la Mayeux en hésitant.

— Seulement ? dit Adrienne en regardant la jeune ouvrière d’un regard interrogatif.

— Seulement, mon amie, reprit la Mayeux, si je ne vous ai jamais vue plus jolie… jamais non plus je n’ai vu sur vos traits l’expression résolue, ironique que vous aviez tout à l’heure… C’était comme un air d’impatient défi…

— C’est cela même, ma douce petite Madeleine, dit Adrienne en se jetant au cou de la Mayeux avec une joyeuse tendresse ; il faut que je vous embrasse pour m’avoir si bien devinée ; car si j’ai, voyez-vous, cet air un peu agressif… c’est que j’attends ma chère tante.

— Madame la princesse de Saint-Dizier, s’écria la Mayeux avec crainte, cette grande dame si méchante qui vous a fait tant de mal ?

— Justement, elle m’a demandé un moment d’entretien, et je me fais une joie de la recevoir…

— Une joie !

— Une joie… un peu moqueuse, un peu ironique… un peu méchante, il est vrai, reprit gaiement Adrienne. Jugez donc… elle regrette ses galanteries, sa beauté, sa jeunesse ; enfin son embonpoint même la désole, cette sainte