Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/363

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femme !… et elle va me voir belle, aimée, amoureuse, et… mince… oui, surtout mince… ajouta mademoiselle de Cardoville en riant comme une folle.

Puis elle reprit :

— Or, vous ne pouvez vous imaginer, mon amie, l’envie forcenée, le désespoir atroce que cause aux ridicules prétentions d’une grosse femme mûre… la vue d’une jeune femme… mince…

— Mon amie !… dit sérieusement la Mayeux, vous plaisantez ;… et pourtant, je ne sais pourquoi la venue de la princesse m’effraye…

— Cher et tendre cœur, rassurez-vous donc, reprit affectueusement Adrienne ; cette femme, je ne la crains pas… je ne la crains plus ;… pour le lui bien prouver, et aussi pour la désoler beaucoup, je vais la traiter, elle, un monstre d’hypocrisie, de méchanceté, de noirceur… elle, qui vient sans doute ici dans quelque dessein affreux… je vais la traiter en femme inoffensive et ridicule… pour tout dire, en grosse femme !…

Et Adrienne se prit à rire de nouveau.

Un valet de chambre entra, interrompit l’accès de folle gaieté d’Adrienne, et lui dit :

— Madame la princesse de Saint-Dizier fait demander si mademoiselle peut la recevoir ?