Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/366

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et mesuré de la princesse, qu’au lieu de ces toilettes simples et peu voyantes qu’en femme de tact et de goût elle portait d’ordinaire, elle avait commis la maladresse d’une robe gorge de pigeon et d’un chapeau grenat orné d’un magnifique oiseau de paradis.

La haine, l’envie, et l’orgueil du triomphe (la dévote songeait à l’habileté perfide avec laquelle elle avait envoyé à une mort presque assurée les filles du maréchal Simon), l’exécrable espérance mal dissimulée de réussir dans de nouvelles trames, se partageaient pour ainsi dire l’expression de la physionomie de la princesse de Saint-Dizier lorsqu’elle entra chez sa nièce.

Adrienne, sans faire un pas au-devant de sa tante, se leva néanmoins très-poliment du sofa où elle était assise, fit une demi-révérence remplie de grâce et de dignité, puis elle se rassit ; montrant alors du geste à la princesse un fauteuil placé en face de la cheminée dont la Mayeux occupait un angle et elle, Adrienne, un autre côté, elle dit :

— Donnez-vous la peine de vous asseoir, madame.

La princesse devint très-rouge, resta debout et jeta un regard de dédaigneuse et insolente surprise sur la Mayeux, qui, fidèle à la recom-