Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/38

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trouverez de repos qu’en vous soumettant humblement à la condition d’un supérieur.

« Plusieurs ont été trompés par l’espérance d’être mieux ailleurs, et par le désir de changer. »

Maintenant, que l’on se figure M. Hardy transporté blessé dans cette maison, lui dont le cœur, meurtri, déchiré par d’affreux chagrins, par une trahison horrible, saignait bien plus que les plaies de son corps.

D’abord entouré de soins empressés, prévenants, et grâce à l’habileté connue du docteur Baleinier, M. Hardy fut bientôt guéri des blessures qu’il avait reçues en se précipitant au milieu de l’incendie auquel sa fabrique était en proie.

Cependant, afin de favoriser les projets des révérends pères, une certaine médication, assez innocente d’ailleurs, mais destinée à agir sur le moral, souvent employée, ainsi qu’on l’a dit, par le révérend docteur dans d’autres circonstances importantes, avait été appliquée à M. Hardy et l’avait maintenu assez longtemps dans une sorte d’assoupissement de la pensée.

Pour une âme brisée par d’atroces déceptions, c’est, en apparence, un bienfait inestimable, que d’être plongé dans cette torpeur qui, du moins, vous empêche de songer à un passé désespérant ; M. Hardy, s’abandonnant à cette apa-