Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/380

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ton de doux reproche, aurais-je donc trop présumé de votre cœur ? vous n’avez pas de sympathie, même… pour les vipères ; pour qui en aurez-vous donc ? mon Dieu ! Après tout, cela se conçoit, ajouta Adrienne comme se parlant à elle-même par réflexion, elles sont si minces… Mais laissons ces folies, reprit-elle gaiement en voyant la rage contenue de la dévote. Dites-nous donc vite, bonne tante, toutes les tendres choses que vous inspire la vue de notre bonheur.

— Mais, je l’espère bien, mon aimable nièce ; d’abord, je ne saurais trop féliciter ce cher prince d’être venu du fond de l’Inde pour se charger de vous… en toute confiance… les yeux fermés… le digne nabab… de vous, pauvre chère enfant, que l’on a été obligé de renfermer comme folle (afin de donner un nom décent à vos débordements), vous savez bien… à cause de ce beau garçon que l’on a trouvé caché chez vous ;… mais aidez-moi donc… est-ce que vous auriez déjà oublié jusqu’à son nom ? vilaine petite infidèle ; un très-beau garçon et poëte, s’il vous plaît ; un certain Agricol Baudoin, que l’on a découvert dans un réduit secret attenant à votre chambre à coucher… ignoble scandale dont tout Paris s’est occupé ;… car vous n’épousez pas une femme