Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/391

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un moment de réflexion, mais cela est juste…

Puis il regarda la jeune fille avec une expression de surprise croissante.

Adrienne se hâta d’ajouter tendrement d’un ton pénétré :

— Ne vous méprenez pas sur ma pensée, mon ami, l’amour de deux êtres qui, comme nous, après mille patientes expériences de cœur, d’âme et d’esprit, ont trouvé l’un dans l’autre toutes les assurances de bonheur désirables ; un amour comme le nôtre enfin est si noble, si grand, si divin, qu’il ne saurait se passer de consécration divine… Je n’ai pas la religion de la messe comme ma vénérable tante, mais j’ai la religion de Dieu ; de lui nous est venu notre brûlant amour ; il doit en être pieusement glorifié ; c’est donc en l’invoquant avec une profonde reconnaissance que nous devons, non pas jurer de nous aimer toujours, non pas d’être à jamais l’un à l’autre…

— Que dites-vous ? s’écria Djalma.

— Non, reprit Adrienne, car personne ne peut prononcer un tel serment sans mensonge ou sans folie ;… mais nous pouvons, dans la sincérité de notre âme, jurer de faire l’un et l’autre loyalement tout ce qui est humainement possible pour que notre amour dure toujours et que nous soyons ainsi l’un à l’autre ; nous ne