Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/394

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je ne ferai serment d’observer une loi que ma dignité, que ma raison repoussent ; demain le divorce serait rétabli… demain les droits de la femme seraient reconnus, j’observerais ces usages, parce qu’ils seraient d’accord avec mon esprit, avec mon cœur, avec ce qui est juste, avec ce qui est possible, avec ce qui est humain…

Puis, s’interrompant, Adrienne ajouta, avec une émotion si profonde, si douce, qu’une larme d’attendrissement voila ses beaux yeux :

— Oh ! si vous saviez, mon ami… ce que votre amour est pour moi ; si vous saviez combien votre félicité m’est précieuse, sacrée, vous excuseriez, vous comprendriez ces superstitions généreuses d’un cœur aimant et loyal, qui verrait un présage funeste dans une consécration mensongère et parjure ; ce que je veux… c’est vous fixer par l’attrait, vous enchaîner par le bonheur, et vous laisser libre… pour ne vous devoir qu’à vous-même.

Djalma avait écouté la jeune fille avec une attention passionnée. Fier et généreux, il idolâtrait ce caractère fier et généreux. Après un moment de silence méditatif, il lui dit de sa voix suave et sonore, et d’un ton presque solennel :

— Comme vous, le mensonge, le parjure, l’iniquité me révoltent ;… comme vous, je