Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/410

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

corps, les corps finissent par venir avec nous ; le tout, au naturel hébétement du bonhomme Temporel qui reste béant, les mains sur sa panse, ses gros yeux écarquillés, en disant : « Ah bah !… c’est-y Dieu possible !… »

Puis, poussant un éclat de rire de dédain sauvage, Rodin reprit, en marchant à grands pas :

— Oh ! que j’arrive… que j’arrive… à la fortune de Sixte-Quint… et le monde verra… un jour, à son réveil… ce que c’est que le pouvoir spirituel entre des mains comme les miennes, entre les mains d’un prêtre qui, jusqu’à cinquante ans, est resté crasseux, frugal et vierge, et qui même, s’il devient pape, mourra crasseux, frugal et vierge !

Rodin devenait effrayant en parlant ainsi.

Tout ce qu’il y a eu d’ambition sanguinaire, sacrilège, exécrable, dans quelques papes trop célèbres, semblait éclater en traits sanglants sur le front de ce fils d’Ignace ; un éréthisme de domination dévorante brassait le sang impur du jésuite ; une sueur brûlante l’inondait, et une sorte de vapeur nauséabonde s’épandait autour de lui.

Tout à coup le bruit d’une voiture de poste qui entrait dans la cour de la maison de Vaugirard attira l’attention de Rodin ; re-