Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/418

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dont nous ferons grâce au lecteur en le priant de suppléer par la pensée cette espèce de patois assez comique après que nous en aurons donné une phrase comme spécimen.

On se souvient peut-être que, comprenant les dangers que pouvaient lui attirer ses machinations ambitieuses, et sachant par l’histoire que l’usage du poison avait été souvent considéré à Rome comme nécessité d’État et de politique, Rodin, mis en défiance par l’arrivée du cardinal Malipieri, et brusquement attaqué du choléra, mais ignorant encore que les douleurs atroces qu’il ressentait étaient les symptômes de la contagion, s’était écrié en lançant un regard furieux sur le prélat romain :

Je suis empoisonné !…

Les mêmes appréhensions vinrent involontairement au jésuite pendant qu’il tâchait par d’inutiles et violents efforts d’échapper aux embrassades de l’émissaire de son général, et il se disait à part soi :

Ce borgne me paraît bien tendre ;… pourvu qu’il n’y ait pas de poison sous ces baisers de Judas.

Enfin, le bon petit père Caboccini, soufflant d’ahan, fut obligé de s’arracher du cou de Rodin, qui, rajustant son collet graisseux, sa cravate et son vieux gilet, des plus incom-