Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/419

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modés par cet ouragan de caresses, dit d’un ton bourru :

— Serviteur, mon père, serviteur ;… il n’est point besoin de se baiser si fort…

Mais, sans répondre à ce reproche, le bon petit père, attachant sur Rodin son œil unique avec une expression d’enthousiasme, et accompagnant ces mots de gestes pétulants, s’écria dans son patois :

Enfin ze la vois citte soupârbe loumiâre de noutre sinte coûmpagnie, ze pouis la sarrer contre mon cûr… si… si encoûre… encoûre…

Et comme le bon petit père avait suffisamment repris haleine, il s’apprêtait à s’élancer, afin d’accoler de nouveau Rodin ; celui-ci se recula vivement en étendant les bras en avant comme pour se garantir, et dit à cet impitoyable embrasseur, en faisant allusion à la comparaison illogiquement employée par le père Caboccini :

— Bon, bon, mon père ; d’abord on ne serre pas une lumière contre son cœur ; puis je ne suis pas une lumière… je suis un humble et obscur travailleur de la vigne du Seigneur.

Le Romain reprit avec exaltation (nous traduirons désormais le patois dont nous ferons grâce au lecteur après l’échantillon ci-des-