Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/425

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Nous introduirons le lecteur dans le sanctuaire où cette créature était depuis quelque temps en conférence secrète avec Nini-Moulin.

La néophyte ambitionnée des révérends pères trônait sur un canapé d’acajou recouvert de soie cramoisie. Elle avait deux chats sur ses genoux et un chien caniche à ses pieds, tandis qu’un gros vieux perroquet gris allait et venait, perché sur le dossier du canapé ; une perruche verte, moins privée ou moins favorisée, glapissait de temps à autre, enchaînée à son bâton, près de l’embrasure d’une fenêtre ; le perroquet ne criait pas, mais parfois il intervenait brusquement dans la conversation en faisant entendre d’une voix retentissante les jurements les plus effroyables, ou en grasseyant le plus distinctement du monde un vocabulaire digne des halles ou des lieux déshonnêtes où s’était passée son enfance ; pour tout dire, cet ancien commensal de la Sainte-Colombe, avant sa conversion, avait reçu de sa maîtresse cette éducation peu édifiante, et avait même été baptisé par elle d’un nom des plus mal sonnants auquel la Sainte-Colombe, abjurant ses premières erreurs, avait depuis substitué le nom modeste de Barnabé.

Quant au portrait de la Sainte-Colombe, c’était une robuste femme de cinquante ans