Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/434

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entier afin de l’employer à prendre les mesures nécessaires pour que leur mariage fût béni et acceptable aux yeux du monde, et que pourtant il demeurât entouré des restrictions qu’elle et Djalma désiraient ; quant aux moyens que devait employer mademoiselle de Cardoville pour arriver à ce résultat, quant à la personne si pure, si honorable qui devait consacrer cette union, c’était un secret qui, n’appartenant pas seulement à la jeune fille, ne pouvait être encore confié à Djalma.

Pour l’Indien, depuis si longtemps habitué à consacrer tous ses instants à Adrienne, ce jour entier passé loin d’elle était interminable. Enfin, depuis la scène passionnée pendant laquelle mademoiselle de Cardoville avait failli succomber, elle avait, se défiant de son courage, prié la Mayeux de ne plus la quitter désormais ; aussi l’amoureuse et dévorante impatience de Djalma était à son comble.

Tour à tour en proie à une agitation brûlante ou à une sorte d’engourdissement dans lequel il tâchait de se plonger pour échapper aux pensées qui lui causaient de si enivrantes tortures, Djalma était étendu sur un divan, son visage caché dans ses mains, comme s’il eût voulu échapper à une trop séduisante vision.