Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/437

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Puis, voyant le mouvement de surprise du prince, le métis ajouta, comme s’il eût été écrasé de confusion :

— Grâce, ne me raillez pas… monseigneur… les tortures les plus affreuses ne m’auraient pas arraché cet aveu misérable ;… mais vous, fils de roi, vous avez daigné dire à votre esclave : Sois mon ami…

— Et cet ami… te sait gré de ta confiance, dit vivement Djalma ; loin de te railler, il te consolera… Rassure-toi ;… mais… te railler… moi ?

— L’amour trahi… mérite tant de mépris, tant de huées insultantes… dit Faringhea avec amertume. Les lâches mêmes ont le droit de vous montrer au doigt avec dédain… car dans ce pays la vue de l’homme trompé dans ce qui est l’âme de son âme, le sang de son sang… la vie de sa vie… fait hausser les épaules et éclater de rire…

— Mais es-tu certain de cette trahison ? répondit doucement Djalma.

Puis il ajouta avec une hésitation qui prouvait la bonté de son cœur :

— Écoute… et pardonne-moi de te parler du passé… Ce sera, d’ailleurs, de ma part, te prouver encore que je n’en garde contre toi aucun mauvais souvenir… et que je crois au