Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/450

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trahi, tu ne répandras pas le sang ; le mépris te vengera… l’amitié te consolera.

— Non… non… monseigneur… j’y suis décidé… quand j’aurai tué… je me tuerai… s’écria le métis avec une exaltation farouche. Aux traîtres ce kandjiar…

Et il mit la main sur un long poignard qu’il avait à sa ceinture.

— À moi le poison… que ce poignard renferme dans sa garde…

— Faringhea…

— Monseigneur, si je vous résiste… pardonnez-moi, il faut que ma destinée s’accomplisse…

Le temps pressait. Djalma, désespérant de calmer la rage féroce du métis, résolut d’agir par ruse.

Après quelques minutes de silence, il dit à Faringhea :

— Je ne te quitterai pas ;… je ferai tout pour t’épargner un crime… Si je n’y parviens pas… si tu méconnais ma voix… que le sang que tu auras répandu retombe sur toi… De ma vie ma main ne touchera la tienne…

Ces mots parurent produire une profonde impression sur Faringhea ; il poussa un long gémissement, et, courbant sa tête sur sa poitrine, il resta silencieux et sembla réfléchir ;