Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/451

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Djalma s’apprêtait, à la faible clarté que projetaient les lanternes dans l’intérieur de la voiture, à user de surprise ou de force pour désarmer le métis, lorsque celui-ci, qui d’un regard oblique avait deviné l’intention du prince, porta brusquement la main à son kandjiar, le retira de sa ceinture, lame et fourreau, puis le tenant toujours à la main, il dit au prince d’un ton à la fois solennel et farouche :

— Ce poignard, manié par une main ferme, est terrible ;… dans ce flacon est renfermé un poison subtil comme tous ceux de notre pays.

Et le métis ayant fait jouer un ressort caché dans la monture du kandjiar, le pommeau se leva comme un couvercle, et laissa voir le col d’un petit flacon de cristal caché dans l’épaisseur du manche de cette arme meurtrière.

— Deux ou trois gouttes de ce poison sur les lèvres, reprit le métis, et la mort vient lente… paisible et douce… sans agonie… au bout de quelques heures ;… pour premier symptôme les ongles bleuissent… Mais qui viderait ce flacon d’un trait… tomberait mort… tout à coup, sans souffrance, et comme foudroyé…

— Oui, répondit Djalma, je sais qu’il est dans notre pays de mystérieux poisons qui glacent peu à peu la vie ou qui frappent comme la